Hausses déraisonnables et bris de contrats pour des maisons neuves

Lundi, 2 mai, 2022
Benoit Chevalier, iHeartRadio

Extrait(s) :

La fièvre du marché immobilier semble avoir frappé plusieurs entrepreneurs de la construction depuis le début de pandémie. Les hausses de contrats déraisonnables se poursuivent cette année et peuvent avoir des conséquences désastreuses pour les futurs acheteurs.

L'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC) a enregistré 200 plaintes liées à des contrats d'habitations neuves en 2021 pour des raisons autres qu'un problème technique. La plupart du temps, c'était pour dénoncer des hausses de prix ou des promoteurs qui résiliaient unilatéralement leur entente. L'appétit de certains entrepreneurs sans scrupule va bien au-delà de la hausse des prix des matériaux selon le directeur général de l'ACQC, Marc-André Harnois.

« Le seul lien que nous on est capable de voir c'est bien plus la hausse du marché immobilier. L'entrepreneur sait que s'il revendait à quelqu'un d'autre la maison sur le marché il pourrait avoir 100 000$ de plus. Alors il dit: si tu ne paies pas 100 000$ je déchire le contrat et je vais le revendre à quelqu'un d'autre. »

Malgré une diminution du nombre de plaintes depuis le début de l'année, une minorité d'entrepreneurs ont adopté ce modèle d'affaires qualifié de « révoltant » par l'ACQC. Une vingtaine de cas sont examinés sur un total de 300 plaintes depuis le 1er janvier. Ça peut paraître peu, mais il ne faut pas perdre de vue que « certains de ces cas concernent de gros promoteurs où la situation dénoncée est souvent subie par des dizaines d'autres clients, parfois plus d'une centaine » nuance M. Harnois. Il cite en exemple un projet de 100 maisons dans les Laurentides où le constructeur a « exigé une hausse de 100 000 $ à 4 jours de la prise de possession ». 

« D'après moi, ça va perdurer aussi longtemps qu'on va avoir un marché de vendeur. Aussi longtemps que l'entrepreneur a intérêt à vendre la maison plus cher à quelqu'un d'autre, pourquoi s'en priver? » - Marc-André Harnois, directeur général de l'ACQC

L'acheteur qui a dénoncé cette pratique s'est retrouvé à la rue ajoute M. Harnois.

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Marc-André Harnois de l'ACQC accuse la Régie du bâtiment et la ministre de l'Habitation du Québec, Andrée Laforest, de rester les bras croisés devant le phénomène livrant les futurs acheteurs à eux-mêmes. Il met en garde les consommateurs qui acceptent, malgré tout, les hausses déraisonnables d'entrepreneurs en croyant retrouver leur argent au moment de la vente. 

« Admettons que la guerre se poursuive, poussant l'inflation à la hausse, puis qu'on hausse les taux d'intérêt pour y remédier, puis qu'une crise économique s'installe... Est-ce que vraiment le prix des habitations va demeurer aussi avantageux pour ceux qui vont avoir acheté à gros prix et qui pourraient se retrouver forcés de revendre? On peut se permettre d'en douter. »