Août 2024 : la tempête Debby frappe le Québec, faisant des milliards de dollars en dommages. Moins d’un an plus tard, plus de 50 mm de pluie se déversent sur Montréal en une heure. Devant des inondations de plus en plus fréquentes, faut-il repenser nos sous-sols ?
Oui, dit rapidement Jean-Luc Martel, professeur au Département de génie de la construction à l’École de technologie supérieure. Il estime qu’il faut « aller vers des sous-sols non habitables de façon généralisée pour l’ensemble du Québec ». Mais dans le contexte actuel de crise du logement, cette idée n’est probablement pas réaliste, note l’ingénieur.
Reste que nos systèmes d’égout n’ont pas été construits pour recevoir d’aussi fortes pluies, dit le professeur Martel. « Il y a une croyance générale voulant que la stratégie ou la solution passe principalement par grossir les égouts, mais ce n’est pas le cas », précise-t-il.
(...)
Certaines personnes ont déjà commencé à repenser leur sous-sol, note Simon Legault, communicateur scientifique pour le consortium québécois de recherche sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, Ouranos.
L’expert suggère aux Québécois d’éviter les tapis et les planchers flottants, ainsi que de ne pas y stocker d’objets de valeur. L’idée est de s’assurer que des matériaux étanches y sont utilisés afin de rendre l’espace plus facile à nettoyer et à sécher. Bref, d’accepter de « laisser l’inondation venir ».
Pour réduire le plus possible les conséquences des inondations sur nos sous-sols non adaptés, il faut ralentir le rythme d’arrivée de l’eau dans les systèmes d’égout, explique M. Legault. Ces mesures peuvent prendre la forme de parcs éponges, de jardins d’eau ou de toits végétalisés.
(...)
Le Québec compte un grand nombre de plans d’eau et de bassins versants : il devrait être mieux outillé contre les inondations, affirme le chercheur. « S’il y a bien un endroit en Amérique du Nord où l’on devrait investir dans une meilleure connaissance des phénomènes hydroclimatiques […], c’est bien ici. »