Comme si nos maisons étaient des cigarettes !

Samedi, 20 mai, 2023
Stéphanie Grammond, La Presse

Extrait(s) :

Augmentation du taux des droits de mutation immobilière (« taxe de bienvenue »), ajout de redevances sur la construction de nouveaux logements… On dirait parfois que les villes confondent les maisons avec des cigarettes.

Pourtant, l’habitation n’est pas un produit nocif qu’on doit décourager à grand coup de taxes. Au contraire, il faut favoriser la construction. Si l’immobilier est en crise, c’est parce qu’il manque cruellement de logements.

Ça ne sera pas de la tarte avec le 1er juillet qui approche.

Le marché locatif n’a jamais été aussi serré en 20 ans, au Québec. Avec un taux d’inoccupation qui devrait fondre à 1,2 % en 2023, on est loin d’un taux d’équilibre de 3 à 4 %. La SCHL prédit que cette rareté fera bondir les loyers de 30 % d’ici trois ans.

Très dur à avaler pour les ménages qui ont déjà du mal à arriver.

Pendant ce temps, le marché de la revente n’a jamais été aussi inabordable en une génération. Oui, le prix des maisons a légèrement baissé, mais la hausse des taux d’intérêt a fait grimper les paiements au plafond. En deux ans, la mensualité moyenne a presque doublé, de 1350 $ à 2500 $, selon Desjardins.

[...]

Selon l’Institut C.D. Howe, ces redevances qui sont refilées aux acheteurs expliquent en bonne partie les prix excessifs qu’on observe à Toronto ou à Vancouver, un phénomène qu’on ne veut surtout pas importer chez nous2.

Mais la réglementation excessive est aussi en cause. Un triste exemple : l’ancien hippodrome Blue Bonnets, un terrain en plein cœur de Montréal où on pourrait ériger 6000 unités. Or, la Ville a mis la barre tellement haut pour les promoteurs qu’un premier appel d’offres n’a pas suscité la moindre soumission de la part du privé.

Pendant ce temps-là, les mises en chantier sont en forte baisse au Québec (- 23 % prévu en 2023), alors qu’il faudrait augmenter la cadence considérablement. Pour équilibrer le marché, il faudrait bâtir plus de 100 000 logements par année, pendant 10 ans, selon la SCHL, alors qu’on finira 2023 autour de 44 000.

On s’en va dans le mur. Vivement un plan d’action ! Ça tombe bien, la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau doit y voir très bientôt.