Sherbrooke : Le Plan nature risque de créer « un étalement interurbain », craignent des promoteurs

Mercredi, 7 juin, 2023
Alain Goupil, La Tribune

Extrait(s) :

En voulant préserver 45 % du territoire, le Plan nature de la Ville de Sherbrooke pourrait provoquer deux phénomènes indésirables: une hausse « majeure » du prix des terrains disponibles et un « étalement interurbain », par lequel les résidents iront s’établir en périphérie.

C’est ce que craignent deux des plus importants promoteurs immobiliers sherbrookois à qui La Tribune a demandé leur avis au sujet du Plan adopté par le conseil municipal, mardi soir.

Sans être opposé à ce que la Ville se dote d’un Plan nature, Roland Mongeau, des Entreprises Bimon, voit dans la version adoptée mardi « une autre entrave au développement » après l’adoption du règlement 1204, adopté il y a un an, et qui impose un partage des coûts dans la construction de certaines infrastructures entre la Ville et les promoteurs.

Selon lui, en réduisant la superficie du territoire destinée à l’habitation, le Plan nature aura pour effet d’augmenter considérablement le prix des terrains sur lesquels il sera permis de construire.

[...]

Une opinion que partage Patrick Lachance, des Entreprises Lachance, en rappelant que Sherbrooke vit une crise importante du logement compte tenu que l’offre reste inférieure à la demande.

[...]

Selon les deux promoteurs, l’augmentation de la valeur des terrains touchera aussi les propriétaires actuels.

[...]

Alors que le Plan nature vise à prévenir l’étalement urbain, celui-ci risque plutôt d’entraîner « un étalement interurbain », croient les deux promoteurs. Une fois tous les terrains vendus, Patrick Lachance prévoit un intérêt marqué pour les terrains situés en périphérie, notamment à Windsor, East Angus et Waterville.

[...]

L’APCHQ-Estrie estime que les promoteurs immobiliers ont maintenant tout intérêt à s’entendre avec la Ville dans la mise en place du nouveau Plan.

Selon son président, M. Lajeunesse, les intérêts de la Ville et ceux des promoteurs ne sont pas incompatibles en tenant compte du Plan nature.

[...]

Concernant de possibles poursuites judiciaires, François Lajeunesse reconnaît le droit des promoteurs de défendre leurs intérêts. Mais l’organisme invite d’abord les promoteurs à explorer la voie du dialogue avec la Ville, qu’il préfère voir comme « une alliée » des promoteurs.

Chaque promoteur a le droit, s’il estime avoir subi des préjudices, d’intenter une poursuite, convient-il.

François Lajeunesse tient aussi à rappeler que « c’est le gouvernement provincial qui a imposé aux villes de faire un Plan nature ». Par contre, en ce qui concerne la proportion de 45 % du territoire protégé, il reconnaît que celle-ci devrait faire l’objet d’une analyse plus approfondie.