Surrenchère surprise du prix des maisons à vendre

Lundi, 15 juin, 2020
Isabelle Dubé, La Presse

Extrait(s) :

Alors que la SCHL prévoit une baisse de 6 % du prix des maisons au Québec, on assiste plutôt à une surenchère pour les maisons unifamiliales dans la grande région de Montréal.

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La première cause de ce phénomène, c’est l’inventaire. L’offre de propriétés à vendre est faible depuis plusieurs mois tandis que la demande est soutenue. L’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) a observé une baisse de 20 à 30 % des nouvelles inscriptions en mai par rapport à la même période en 2019.

« Les gens hésitent à mettre leur propriété sur le marché parce qu’ils pensent que ce n’est pas le bon moment, constate Charles Brant, directeur du Service de l’analyse du marché à l’APCIQ. Ils ne savent pas si les prix vont descendre, ils entendent ce que dit la SCHL et, étant donné que la COVID-19 circule beaucoup dans la région, ils ne veulent pas faire visiter leur maison comme avant. »

Deuxième cause évoquée : ceux qui voulaient acheter ou vendre pendant l’hiver, et qui ont dû mettre leur projet sur pause pendant le confinement, se manifestent actuellement.

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De plus, après avoir vécu confinés, de nombreux Québécois ont réalisé que leur logement ne répondait plus à leurs besoins, qu’ils avaient besoin d’une pièce supplémentaire pour le télétravail et qu’il n’était plus nécessaire d’habiter près du boulot.

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Au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse, deux économistes de la SCHL ont tenu à revenir sur leurs données pessimistes, publiées en mai, qui présageaient une baisse des prix de 6 à 11 % au Québec.

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« Si on prend la moyenne des prix sur l’année au complet par rapport à 2019, notre scénario optimiste tend plutôt vers une hausse de 4 % et notre scénario pessimiste, vers un léger recul. »

UN AUTOMNE POUR LES ACHETEURS

Les experts s’entendent pour dire que la surenchère actuelle ne devrait pas durer. Les impacts économiques de la COVID-19 se feront sentir dès que les prestations de PCU et les reports d’hypothèque seront terminés au début de l’automne.

« On s’attend à ce qu’il y ait des propriétés remises sur le marché. Une vague qui pourrait se produire aux alentours de septembre et octobre, estime Charles Brant de l’APCIQ. Ça pourrait créer un relâchement du marché avec des baisses de prix. »

« La reprise économique va être lente, les taux de chômage vont rester élevés assez longtemps, il va y avoir des pertes de revenus, prévoit Francis Cortellino de la SCHL. La confiance des consommateurs va être moins présente que par le passé. Ces conditions économiques auront un impact en termes de prix de vente des maisons. »

« J’ajouterais aussi le niveau d’endettement des ménages qui atteignait déjà des sommets avant la crise, à la fin de 2019 », conclut son collègue Patrick Perrier.