Un entrepreneur se moque de la Régie du bâtiment

Samedi, 25 septembre, 2021
Julien McEvoy, Le Journal de Montréal

Extrait(s) :

Il obtient une nouvelle licence alors qu’il doit de gros montants à des sous-traitants

Si la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) est là pour protéger le public, elle vient d’en échapper toute une. Un entrepreneur général qui s’est envolé avec des dizaines de milliers de dollars a pu sans souci obtenir une nouvelle licence.

Michel Bélanger opérait sous le nom de Groupe Denovo. 

Il obtenait notamment des contrats d’entrepreneur général de la part de Home Depot, en sous-traitance. 

Du jour au lendemain, il a tout arrêté. Il a mis un terme à son association avec la chaîne états-unienne de quincailleries, puis il a arrêté de payer ses sous-traitants, dont un électricien et un plombier. Au lieu de faire faillite, il a plutôt opté pour une proposition au consommateur. Un détail clé dans l’histoire. 

Avant même d’avoir mis un terme aux activités du Groupe Denovo, en décembre 2019, le mauvais payeur avait déjà obtenu une autre licence de la RBQ pour MC2.0 ou Ma Construct 2.0, sa nouvelle entreprise. Cette licence est toujours active, ce qui permet à Bélanger d’obtenir des contrats encore aujourd’hui. 

Daniel Perrée, électricien, a perdu 34 000 $ avec le Groupe Denovo. C’est près du double pour Stéphane Houle, plombier : 60 000 $. Et ils sont loin d’être les seuls. 

« À quoi sert la RBQ si elle n’est pas capable de me protéger ? Pourquoi je paye des cotisations RBQ, moi ? » se demande l’électricien, qui a déposé une plainte à la RBQ au sujet de Bélanger et de Denovo. 

« Il n’a même pas fait faillite, il a juste vidé la compagnie de ses actifs, il a transféré son bateau au nom de sa fille, il a laissé mourir la licence de Groupe Denovo et il est reparti à neuf », constate le plombier avec beaucoup de dépit. 

[...]

La RBQ se défend

À la Régie du bâtiment, on est catégorique : aucune plainte n’a été formulée au sujet de Groupe Denovo. Ce qui est faux. 

« Le fait que M. Bélanger n’ait pas fait faillite ne nous permettait pas de voir ses antécédents dans nos vérifications », ajoute le porte-parole Sylvain Lamothe. 

Aucune façon, donc, pour la RBQ de savoir, au moment d’octroyer la nouvelle licence, que Bélanger avait laissé quantité de sous-traitants mordre la poussière, explique l’organisme.