Acheter sans tout risquer

Lundi, 5 avril, 2021
Simon Chabot, La Presse

Extrait(s) :

Le marché immobilier est frénétique et, dans l’espoir de voir leur offre retenue, certains acheteurs acceptent parfois de courir des risques inutiles. Renoncer à ses droits, taire son intention de louer le bien convoité ou suivre des conseils mal avisés pourraient toutefois avoir des conséquences désastreuses. Petit guide des erreurs à éviter.

Un prix médian en hausse de 100 000 $ sur un an, une vingtaine d’offres pour une propriété, des délais de financement de moins de 14 jours… : les premiers acheteurs et les petits investisseurs en immobilier ont parfois l’impression que tout joue contre eux dans le marché du Grand Montréal.

Après des mois de recherches et de déceptions, la tentation de tourner les coins rond ou de faire abstraction de détails qui n’en sont pas risque d’être grande pour certains.

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«En ce moment, les pressions viennent du marché, dit-il. Vingt-trois offres sur une propriété, ça existe. Le vendeur prend la meilleure offre pour lui. Son courtier immobilier peut lui recommander de prendre l’offre avec le délai de financement le plus court, cinq jours ou huit jours. Les délais normaux, de 14 jours, ne sont pas respectés, les prêteurs hypothécaires sont débordés… Et ça met beaucoup de pression sur les acheteurs.»

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Ce qui est beaucoup plus courant ces jours-ci, c’est de voir des acheteurs potentiels renoncer à leur droit à une inspection préachat ou à la garantie légale de qualité dans leur promesse [d'achat], afin de gagner la faveur d’un vendeur. À Montréal, cette pratique tend même à devenir presque normale.

Or, un courtier immobilier a l’obligation déontologique de recommander une inspection. Si l’acheteur préfère y renoncer, le courtier doit expliquer les conséquences potentielles de cette décision, rappelle Me Caroline Champagne, de l’OACIQ. Surtout si l’acheteur accepte aussi de réaliser une transaction sans garantie légale de qualité.

Un acheteur aurait d’ailleurs tout intérêt à rappeler à son courtier qu’une inspection préachat protège aussi le vendeur, soutient l’inspecteur en bâtiment André Dumont.

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De plus, même si la vente se fait sans garantie légale de qualité, un acheteur peut intenter une poursuite pour dol contre le vendeur si celui-ci l’a faussement rassuré, ajoute André Dumont. « D’où l’importance de poser des questions aux vendeurs sur la présence de vermiculite dans le toit ou d’autres vices potentiels, dit-il. Et de consigner ses réponses par écrit le jour même pour en garder une bonne trace. »

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À l’évidence, la vie du courtier immobilier est loin d’être simple en ce moment, car la ligne est parfois très mince entre un conseil avisé ou non. Comment aider un acheteur à trouver une propriété sans lui recommander de renoncer à ses droits si tout le monde le fait ?  Chose certaine, un acheteur qui se sent mal conseillé ou pressé par un courtier qui réclame une signature rapide, dénigre un rapport d’inspection ou modifie sans raison les clauses d’une promesse d’achat peut porter plainte.

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